Le théâtre d’Eugène Ionesco est connu chez la critique contemporaine pour une dramaturgie de la “contradiction” au sens général du terme. Ionesco, en tête d’un courant littéraire dit nouveau théâtre – dont le nom des auteurs comme Beckett, Adamov et Genet - a remis en cause les conventions de la tradition dramatique qui ne traduisait plus la condition humaine. L’homme, à la suite d’extrêmes violences des années 40, coupé de ses racines socio-humaines, a l’impression que la vie n’a plus de sens et que le monde est absurde. Tel est le souci du théâtre avant-gardiste d’Ionesco qui s’efforce de redéfinir l’homme contemporain qui dit “non ” au non-sens de l’existence, en renouvelant la conception du genre dramatique. Ce qui est du nouveau chez Ionesco, c’est que sur le plan philosophique-linguistique la négativité et l’esprit du contradictoire lui servent de moyen langagier bien efficace pour s’opposer à la banalité du quotidien et l’insignifiance du monde. Nous allons étudier dans l’espace de cette recherche la question de la contradiction ionescienne qui engendre au bout de son cheminement, dans La Cantatrice chauve et La Leçon, l’incohérence, l’insolite, la dispute, le vide sémantique et enfin l’incommunicabilité entre les êtres scéniques.