eau

Dès une première lecture des œuvres du romancier contemporain, Jean-Philippe Toussaint, l’abondance des références à l’eau fait penser à un sens plus profond de cet élément chez l’auteur. Afin de percer le secret d’un tel sens, Bachelard, le pionnier de la critique thématique proposerait une ‘critique des profondeurs’ qui permet de découvrir l’imaginaire de l’esprit poétique au moment de la création. Un moment de la rêverie éveillée où l’esprit cherche un élément matériel pour y incarner ses images. Or, la question qui se pose, c’est de savoir comment la complexité des images poétiques peut correspondre à la simplicité du style et de l’intrigue chez un romancier minimaliste comme Toussaint. Par cette étude, basée sur la typologie des eux décrite par Bachelard, nous essayerons de concevoir mieux le rapport spécifique qu’entretien un écrivain de l’extrême contemporain avec le monde extérieur. En fait, nous croyons que l’eau malgré ses symboles ambivalents de la mortalité, de la mélancolie, de la douceur, et de la maternité reste une matière élémentaire, simple et primitive chez Toussaint qui suscite l’imagination humaine avec une puissance exceptionnelle, par caractère fondamental et naturel.  

Dans La Symphonie des morts, ce qui est mis en scène par le romancier, Abbas Maroufi, c’est une famille entourée par différentes formes de mort causées par l’incendie, le fratricide, le suicide et la noyade involontaire. Ce qui attire notre attention dans cet ouvrage, c’est la présence perpétuelle des images du feu et de l’eau dans les scènes où la mort intervient. Donc, l’existence des personnages est intimement liée à ces deux éléments qui se trouvent au centre de la pensée bachelardienne. Quelles images poétiques ou symboliques ces éléments créént-ils chez l’écrivain ? Comment et dans quelle mesure participent-ils au destin funeste des personnages ? Lequel de ces deux élémements l’emporte sur l’autre et pourquoi ? Pour parvenir à des réponses convenables, nous allons étudier la relation qu’établissent ces images avec la mort des protagonistes. Certes, cette étude sera suivie d’une analyse psychanalytique des membres de la famille Ourkhani, car la critique bachelardienne va au-delà des images naturelles pour atteindre aux détails de la psyché humaine selon la psychanalyse freudienne