Résumé: Un nouveau Autre est survenu dans notre monde. En soulignant notre vulnérabilité, il nous a fait plus seuls que jamais, enfermés dans nos frontières, nos limites, nos corps. Il fait de sorte que nos moindres présences évoquent un sentiment de honte, de culpabilité, un sentiment de faute et d’écart généralisé: nous nous considérons humblement comme nuisibles, transmetteurs potentiels et partisans inconscients de cet Autre infernal. L’apparition du coronavirus n’est pas seulement une situation sanitaire critique. Elle est, par son ampleur et sa grande portée philosophique et culturelle, un événement majeur de l’histoire naturelle. Un événement qui entrainera potentiellement une nouvelle phase dans le rapport de l’homme au monde. Animé, invisible et terrifiant, il est en train de façonner et reformaliser notre existence. Or, le monde a été toujours regardé par notre vision anthropocentrique comme un objet à explorer, à connaître, à exploiter, et voilà tout a changé dans un clin d’œil. Cette fois il est cet Autre qui nous regarde et nous rend objectivé, chosifié, extériorisé. Dans l’article présent, nous allons appliquer la notion dialectique « Autre-sujet/Moi-objet » à notre lecture sartrienne de l’évènement pour traiter cette déformation de notre existence et la possibilité de repenser et de redéfinir notre rapport à de tels nouveaux Autres.