Quel type de texte l’écriture du trauma génère-t-elle ? De source psychanalytique, le trauma survient dès lors que le sujet est confronté à une expérience douloureuse vécue individuellement ou collectivement et qui le hante continûment. Ainsi, il vit un déséquilibre psychique dont la principale manifestation est son incapacité à se maîtriser. Partant de ce postulat, l’article vise à montrer que, dans Notre vie dans les forêts de Marie Darrieussecq, le trauma prend forme dans l’environnement familial et social : disparition précoce de géniteurs, découverte inattendue de sœur clonée, attentats, accidents d’avion, prises en otage, canicule. Il met ensuite en lumière que ses effets sur le sujet narrant sont révélateurs d’une hybridité textuelle. L’auteure construit un texte qui se situe entre le témoignage et la dystopie. Il dévoile enfin l’existence d’une poétique scripturale empreinte essentiellement de nombreuses répétitions, d’éléments onomatopéiques et intertextuels, d’abondantes distorsions syntaxiques, signe d’une subversion de la langue.