Quelle littérature serait utile à l’ère des systèmes socio-culturels qui réduisent de plus en plus notre capacité de liberté et de concentration, si indispensables à la production et à la réception de la vraie littérature? Qu’est-ce qu’on peut faire devant la force d’attraction du genre a-littéraire qui au lieu d’inciter à penser et agir différemment, évoque l’air résigné du fameux «c’est comme ça»? Il faut repenser et réadapter la nécessité d’une littérature qui ne veut pas être une échappatoire temporelle, une fuite perdue, un éloignement. Dans un monde qui est réduit à s’occuper des choses les plus disponibles, les plus présentes et les plus visibles, quelle serait la fonction de cette littérature? Au milieu de cette ambiance des réalités fast made des médias, son premier rôle serait de trouver une place à des réalités dont la perception est moins immédiate. Il faut laisser la vraie littérature ébranler, à nouveau, nos cadres perceptifs manipulés par l’oppression du milieu. C’est par cette implication qu’on peut attendre une nouvelle distribution plus égalitaire de la parole, et par là, du regard, de la conscience, de l’attention et transmettre des valeurs d’une meilleure démocratie.