La portée exceptionnelle du mythe du Sahara appartient à la littérature de toutes les époques. La littérature française, cependant, dans ce cas, n'est pas d'exception. À cet égard, la nouvelle de Fort Lotfi de l'auteur algérien contemporain, Salim Bachi, est particulièrement intéressante. En exploitant le riche symbolisme de ce mythe, il relate l'expérience particulière d'un soldat dans le désert. En adoptant une méthodologie de recherche descriptive-analytique et en prenant les avantages de l'approche intertextuelle de Michael Riffaterre, cette recherche s’attache à dégager la manière dont le lecteur traverse, pour arriver à l'intertexte et à la signifiance du texte de Bachi. Ce déploiement de variantes analytiques – autour du signe et du signe double – fait du système descriptif un usage fixé par la tradition sémiotique, un rite qui impose le passage du sens à la signifiance. Une étude des structures narratives montre que le passé et l´Histoire n´interviennent pas seulement au niveau thématique mais influencent jusqu´à la forme du récit. Un intérêt tout particulier est porté aux modalités d´une écriture de l´Histoire qui se révèle complexe, entre objectivité historique et fiction. Les résultats de cette étude montrent que l'auteur en symbolisant le mythe du Sahara à travers l'établissement d'un réseau et d'un champ sémantique de Sahara tente de poser la question de l'identité dans le récit. Sahara est le symbole de l’éternité et retour à soi. La question de l´identité se pose alors en termes d´héritage historique.