Le Trône d'Abu Nasr de Sadegh Hedayat est un récit déconcertant dont la matière est surchargée de références et d'allusions à une source française, à savoir Le Roman de la momie de Théophile Gautier. Cette influence, voulue ou inconsciente, fait de ce roman iranien un texte singulier, insolite. Dans cet article, notre objectif consiste à faire ressortir les points de convergence entre ces deux œuvres d'aire culturelle différente, aussi bien au niveau de la forme que celui du fond. Tout en décelant cet enchevêtrement d'emprunts, nous allons essayer de dégager la part de l'authenticité de Sadegh Hedayat qui avait un grand souci de rester soi-même en prenant une certaine distance par rapport à l'œuvre de Théophile Gautier. Ce récit se situe ainsi d’une manière très délibérée dans un « entre-deux », entre un « ici » et un « ailleurs ». Il se nourrit d’un imaginaire français, mais se situe dans un cadre iranien.