De tout temps, jusqu’à l’avènement de la littérature et la critique contemporaines, les autobiographies écrites par les femmes ont été exposées aux rejets, marginalisations et dévaluations. Cette dépréciation provient, en grande partie, de la dissemblance qui existe entre les créations autobiographiques féminines et les conventions canoniques du genre, définies par les théoriciens. Les récits autobiographiques féminins donnent à lire un «Moi» «relationnel», décentré et collectif, dessiné dans une écriture fragmentaire et protéiforme. Cette divergence, nous la constatons dans les récits autobiographiques d’Annie Ernaux et de Goli Taraghi, deux figures de littérature contemporaine française et iranienne. Basé sur la démarche théorique de Philipe Lejeune et Georges Gusdorf, le présent article cherche à démontrer, comment et sous quels aspects le parcours autobiographique de deux auteures se distingue du modèle canonique. Serait-il possible d’en dégager une certaine poétique de l’écriture autobiographique au féminin? Ainsi, à la question consistant à savoir, dans quelles mesures les autobiographies de Taraghi et d’Ernaux divergent du modèle théorisé, présentons-nous, dans cet article une réponse déterminative en disant que leur tentative autobiographique s’en détachent dans la mesure où elles représentent un «Moi» intersubjectif, «transpersonnel» voire collectif au lieu d’un moi cohérent et unifié.