Deux caractéristiques majeures de l’esthétique postmoderne, le retour du sujet et le chaos-monde, sont repérables à la lecture de Madame Bâ et Mali, ô Mali d’Orsenna et La Découverte de l’Amérique de Pividal. Ce sont des romans français postmodernes. Si le narrateur raconte à la première personne, il pervertit pourtant la théorie de l’individualisme, de l’atavisme et œuvre plutôt pour l’intérêt général. Par ailleurs, les romanciers déconstruisent l’ordre unitaire des savoirs modernes au profit du chaos-monde, de la théorie de l’imprédictibilité, une sorte de désordre naturel qui est la seule raison du monde. Rien n’est prévisible et imposant. Comment Erik Orsenna et Rafaël Pividal réécrivent-ils les systèmes de pensée modernes au profit d’un enchevêtrement des cultures ? En nous appuyant sur la pensée postcoloniale, nous allons résoudre cette question autour de deux axes : le retour du sujet et l’imprédictibilité des valeurs-monde.