La petite fille de Monsieur Linh met en scène l’expérience d’un réfugié/expatrié âgé qui, ayant subi le traumatisme de la guerre et de la perte de sa famille, s’installe dans un nouveau territoire dans l’espoir de protéger sa petite-fille, seul membre de famille qui lui reste et de lui favoriser les conditions d’épanouissement. Dans son cheminement dans ce nouvel espace, il rencontre la solitude, le silence, le vide mais aussi l’amitié : une amitié qui se tisse entre lui et un vieux soldat, Monsieur Bark, dont Linh ne sait pas la langue et qui avait, dans son passé de jeune soldat, participé au massacre des compatriotes de Linh. Ce présent article a pour objectif de suivre Linh dans son passage d’un aliéné, isolé et traumatisé, dont la seule motivation de vivre était une poupée qu’il avait pris pour sa petite-fille, à celui qui, pour retrouver son existence authentique et sa liberté, s’échappe de son asile, traverse la ville inconnue et labyrinthique pour rejoindre son ami ; il redéfinit en sorte son identité qui n’est plus celle enracinée dans la mémoire du pays de provenance mais une identité mixte et en relation pacifiste avec le nouvel espace authentique.